C’est sans doute l’une des questions qui est au centre de nombreuses réflexions : les déchets plastiques. Pouvoir public, acteurs de la société civile et d’autres décideurs discutent régulièrement les questions liées à la gestion des déchets. En Guinée, la gestion des déchets plastiques est un problème transversal. Aussi bien qu’il n’y a pas de loi spécifique sur la commercialisation des déchets plastiques, aussi bien, on rencontre toutes sortes de plastiques. Le pays n’interdit pas la vente des plastiques. Ils sont rencontrés un peu partout dans la capitale Conakry et voir même dans le pays. Dans les places publiques, dans la mer, la pollution plastiques est ressentie dans tous les coins. Ce sont des milliers de tonnes de déchets plastiques qui sont générés par les ménages et dans les lieux de grande rencontre. Face à cette réalité, les autorités ont parfois du pain sur la planche pour freiner la consommation quotidienne des déchets plastiques. « Les déchets font partie des polluants qui affectent le milieu de la zone côtière, ce qui est une procuration majeure pour le ministère de l’environnement, du moment où c’est un ministère qui a, à sa charge la mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière de l’environnement. Le ministère de l’environnement s’appuie sur le service technique dénommé le Centre National de la protection des zones côtières qui s’occupe des questions de gestion de la zone côtière. A ce niveau, il y a également cette problématique de la gestion des déchets plastiques qui constitue aujourd’hui un problème majeur. » Explique Lama You CAMARA, Directeur Général du Centre National du milieu Marin.
Le Directeur général du milieu marin et côtier ne se limite pas à la description de la problématique des déchets plastiques. Face à cette situation, il exprime son inquiétude qui va au-delà du simple fait de la durée de ces plastiques dans la nature « L’écosystèmes appelé mangrove est dangereusement affecté par ces déchets plastiques notamment les Ressources halieutiques. Toutes ces espèces sont menacées par le polluant qui est issu des déchets d’origine terrestre. » Renchéri le Directeur.
L’Agence Nationale de la Salubrité Publique est l’organe public de l’État qui a la charge de la question d’assainissement, la gestion des déchets de toute nature. Les déchets plastiques figurent en bonne place dans la politique des responsables de cette agence. « Rôle de l’ANASP, en tant qu’entité publique, elle intervient en suppléance des entreprises chargées du ramassage des déchets. Sinon elle a un pouvoir régulateur de tout ce qui se passe dans la gestion des déchets. »Indique M. Traoré, conseiller technique sur les questions d’assainissement.
En Guinée, la gestion des déchets est aussi liée au manque d’infrastructures adéquates. Les statistiques de 2018 indiquent que Conakry produit plus de 1000 tonnes de déchets par jour, dont une part importante est constituée de plastiques, de déchets organiques, de métaux et de papiers cartons. « Avec la croissance démographique la quantité de déchets produits augmente continuellement. Même si des efforts sont déployés dans la collecte, le ramassage et l’acheminement des déchets, ainsi que dans la construction de zones de transit et de tri. Les déchets sont particulièrement remarqués et nous, en tant que pouvoir public, passons par la sensibilisation. » Explique-t-il
La Contribution Déterminée au niveau National est une autre politique que les pays signataires mettent en œuvre pour la protection de l’environnement. Ce document prend en compte tous les aspects de l’environnement et les éléments qui entrent dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques. La question des déchets plastiques n’est pas laissée pour compte « Dans le secteur des déchets, surtout les déchets plastiques, il y a la collecte et la valorisation. Ce qui constitue une priorité aujourd’hui pour la Guinée. C’est pourquoi, il est inscrit comme engagement au niveau de la CDN et pour être précis c’est le 7ème engagement dans le volet atténuation. Parce que, la gestion des déchets en Guinée est aujourd’hui une préoccupation majeure pour les autorités et également pour le Ministère de l’Environnement. » nous dit Sékou Fodé Camara.
Les déchets sont aussi des sources d’émissions de gaz à effet de serre. Leur présence dans la nature produit un impact négatif sur l’environnement « Si nous prenons les émissions de gaz à effet de serre qui sont liées au secteur de déchets sont 298 kilos tonnes de C°², équivalent en 2018, avec une croissance de 35% d’ici 2030. C’est pourquoi, il faut que nous prenions à bras le corps cette problématique. Si nous prenons l’objectif inconditionnel défini dans le document de la CDN, 30% des objectifs du projet est pour l’organisation des déchets à Conakry, c’est à dire 1740 kilos tonne de déchets traités d’ici 2025, et 4188 kilos tonnes de déchets traités d’ici 2030. C’est l’objectif recherché. » Poursuit ce responsable du point focal de la CDN au Ministère de l’Environnement et du Développement Durable.
Quelle est l’implication des mairies dans la gestion des déchets à Conakry ?
La commune de Ratoma est l’une des six communes de la capitale Conakry. Elle est située à cheval entre celle de Dixinn et Matam. Nous nous y sommes rendus pour rencontrer un des conseillers chargés des questions de l’environnement dans la municipalité. Préoccupé par cette la situation des déchets de façon générale, et ceux des plastiques en particulier, Mamadou Cellou Diallo, Conseiller chargé des questions environnementales, s’est prêté à nos questions « Pour les déchets en général excepté les déchets médicaux, la mairie a recruté des PME qui sont organisées autour des Groupements d’Intérêt Économique (GIE) qui sont déployé dans l’ensemble des quartiers, des secteurs de Ratoma. Ils sont chargés d’abonner les ménages à leur service qui sont les producteurs et les PME à leurs tour collectent ou pré-collectent les déchets ménagers les acheminements vers le point de regroupement qu’on appelle Zone de Tri et de Transite ZTT, c’est dans ces lieux qu’on fait le tri des déchets plastiques. » nous dit-il
Dans la commune de Ratoma tout comme les autres, il n’y a pas de politique spécifique de la gestion des déchets plastiques, disent-ils. Ces communes se réfèrent à la politique nationale de gestion des déchets dans le pays « La politique communale est adossée à la politique nationale, il n’y a pas de politique communale spécifique à la mairie. Tout ce que la mairie fait, il y a la politique nationale et, sur la base de cette politique nationale établie par la loi, nous avons nos propres plans de gestion des déchets à l’intérieur duquel nous avons des objectifs à atteindre.
Nous nous sommes dit qu’au niveau institutionnel, il fallait d’abord qu’on ait un service qui s’occupe de tout ce qui est gestion des déchets. Mais au-delà de tout ça, il fallait qu’on commence le tri des déchets à la source, même si on n’a pas encore atteint l’objectif c’est-à-dire dans les ménages. Au niveau du traitement de ces déchets, l’unité de recyclage de Sonfonia c’est un objectif que nous avons aussi atteint. Tout ça, était dans nos plans pour atteindre certains objectifs. » Explique ce conseiller.
Pour étendre sa politique et avoir un impact, la Mairie de Ratoma, a aussi noué des partenariats. Une manière pour elle d’impliquer tous les acteurs « Nous travaillons avec les collecteurs des déchets tels que la CONAG et la FEGEDEG, qui sont beaucoup accentués sur la gestion des déchets. La CONAG c’est le tri des déchets et la FEGEDEG c’est la collecte des déchets valorisable et non valorisable. » dit Mamadou Cellou DIALLO
Des solutions qu’envisagent les pouvoirs publics pour la gestion des déchets plastiques !
A la Direction générale du Milieu Marin et Côtier, les solutions résident dans la valorisation et la transformation des déchets « Il faut développer le facteur de traitement de ces déchets plastiques. C’est-à- dire, quand on ramasse ces ordures, il faut savoir les transformer et les mettre dans un cadre beaucoup plus consommable. L’idéal aujourd’hui c’est de les récupérer, procéder à leur traitement et transformer pour avoir d’autres produits qui ont beaucoup plus moins d’impact négatifs sur l’environnement. » Propose le Directeur
Les difficultés des décideurs face à la situation des déchets
A la direction générale du Centre National du milieu Marin, les limites sont d’ordres financières « La première limite c’est le facteur financier. Vous savez, il y a beaucoup de préalables à faire. Quand on parle de la zone côtière, il faut regrouper certains aspects purement techniques. Connaître l’étendue, les caractéristiques ou sont les zones les plus affectées et les zones sensibles et caractériser les types de déchets. Il y a des déchets plastiques à haute densité c’est ça notre idéal. Mais avec les difficultés financières, il est difficile d’y faire face. » dit le Directeur
Le Conseiller technique de l’ANASP abonde dans le même sens « Si l’État doit s’engager pour la gestion des déchets à Conakry, il faut beaucoup de moyens financiers. C’est un travail qui demande les moyens. Les déchets sont produits tous les jours. C’est pourquoi, on dit que c’est une continuité. » Ajoute M. Traoré.
Les déchets plastiques constituent non seulement une menace pour l’environnement, mais aussi pour la vie humaine. Selon le Ministère de l’Environnement et le Développement Durable, plus de 485 000 tonnes de déchets plastiques non biodégradables et hautement polluants sont produites chaque année en Guinée. La pollution plastique est également un facteur dégradant sur la santé humaine. Ce qui est disproportionné à la quantité de recyclage ou de transformation qui se fait sur le terrain.
Aliou DIALLO
Projet terra-africa CFI- media