Dans le réseau complexe de la gouvernance environnementale mondiale, le principe du « pollueur-payeur » constitue une responsabilité phare, les nations vers une répartition équitable des coûts environnementaux. Adopté par l’OCDE en 1972, par l’Union européenne via l’Acte unique européen signé en 1986 et par l’ONU en 1992, ce principe impose que les charges résultant des efforts de prévention, de réduction et d’atténuation de la pollution reposent directement sur les épaules du pollueur. Cependant, malgré ses nobles intentions et sa consécration juridique, la dure réalité révèle une histoire décourageante de non-respect et d’évasion, avec des pays pollueurs se soustrayant à leurs obligations et laissant derrière eux une traînée de dégradation environnementale. « Dans ce récit de mépris pour la gestion de l’environnement, les répercussions ne sont pas supportées de manière égale à travers la communauté mondiale. Au lieu de cela, c’est l’Afrique, le continent le moins responsable des émissions et de la pollution historiques, qui supporte de manière disproportionnée le fardeau de la dégradation de l’environnement et les coûts qui en découlent. L’attitude nonchalante des pays pollueurs non seulement porte atteinte à l’intégrité des accords internationaux sur l’environnement, mais perpétue également l’injustice en faisant porter les conséquences financières et écologiques sur les épaules des plus vulnérables. Au cœur de ce problème se trouve le manque flagrant d’engagement des pays pollueurs à réparer les dommages qu’ils infligent à l’environnement. Qu’il s’agisse d’émissions industrielles incontrôlées, d’une déforestation gratuite ou d’une exploitation imprudente des ressources naturelles, les actions de ces nations trahissent un mépris pour les principes de développement durable et d’équité intergénérationnelle. Pendant ce temps, c’est l’Afrique qui subit le plus gros des impacts du changement climatique, des sécheresses et inondations à la perte de biodiversité et de productivité agricole. » Explique Bienvenu ONGOUNDOU, Conseiller Technique Régional Partenariat Public-privé ACAI.
Pour corriger ce déséquilibre et maintenir l’intégrité du principe du pollueur-payeur, une action concertée est impérative sur plusieurs fronts. Premièrement, il doit y avoir des mécanismes de contrôle et de responsabilisation accrus pour garantir le respect des réglementations et accords environnementaux existants. Cela implique de renforcer les cadres de surveillance, d’améliorer la transparence dans la déclaration des émissions et d’imposer des sanctions concrètes en cas de non-conformité « En outre, il existe un besoin urgent d’une coopération et d’une solidarité internationales renforcées pour aider les régions touchées, en particulier l’Afrique, à atténuer les effets néfastes de la dégradation de l’environnement et à s’y adapter. Face à l’urgence, les pays pollueurs doivent tenir leur promesse, faite depuis la COP15 à Copenhague, de mobiliser la finance climatique adéquate (au moins 100 milles milliards USD nouveaux par an), pour financer des projets de restauration, des initiatives de renforcement des capacités et des interventions de développement durable dans les communautés vulnérables. Le discours sur la justice environnementale doit être recadré pour souligner l’impératif moral de remédier aux injustices historiques et d’assurer une répartition équitable des charges et des avantages environnementaux. Cela nécessite d’amplifier les voix des communautés marginalisées, des peuples autochtones et des organisations de la société civile dans les processus décisionnels et de favoriser des approches inclusives et participatives de la gouvernance environnementale. » poursuit-il
En parallèle, les efforts devraient être intensifiés pour intégrer les considérations environnementales dans les programmes de développement plus larges, en intégrant les principes de durabilité dans l’élaboration des politiques, la planification et les décisions d’investissement dans tous les secteurs.
« En intégrant des garanties environnementales dans les activités économiques et en encourageant les voies de la croissance verte, les pays peuvent concilier la protection de l’environnement avec les objectifs de développement socio-économique, faisant ainsi progresser les objectifs primordiaux du développement durable. En fin de compte, la poursuite de la justice environnementale exige un changement de paradigme dans notre conscience collective, passant d’une vision de la nature comme une marchandise à exploiter à une reconnaissance comme un héritage précieux à sauvegarder pour les générations futures. Ce n’est que par une responsabilité partagée, une solidarité et un engagement sans faille que nous pourrons réaliser la vision d’un monde dans lequel le principe du pollueur-payeur n’est pas seulement un noble idéal mais une réalité tangible, où les coûts de la dégradation de l’environnement sont supportés par ceux qui la provoquent et où L’Afrique ne paie plus le prix de l’irresponsabilité des autres. En tant que gardiens de notre planète, relevons le défi et forgeons un avenir durable pour tous. » Conclut cet activiste de l’environnement
Aliou DIALLO