Depuis 2008, les catastrophes naturelles, exacerbées par le changement climatique, ont contraint en moyenne 21,5 millions de personnes par an à quitter leurs foyers, d’après le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Ce nombre pourrait grimper à 260 millions d’ici 2030 et atteindre 1,2 milliard en 2050 selon la Banque mondiale. Face à cette réalité, la communauté internationale peine encore à se préparer adéquatement pour gérer cette crise humanitaire grandissante.
Les migrations climatiques, loin d’être un phénomène futuriste, se manifestent déjà à travers le globe. Des histoires comme celle de la communauté Guna au Panama ou des habitants de Tuvalu reflètent les défis que rencontrent de nombreuses régions. Pourtant, contrairement à l’image souvent véhiculée d’un exode massif du Sud vers le Nord, la majorité de ces migrations se produisent à l’intérieur des frontières nationales, présentant des défis complexes tant pour les migrants que pour les régions d’accueil.
L’ampleur future de ces migrations climatiques reste difficile à prédire avec précision, oscillant entre des dizaines de millions à plus d’un milliard de déplacés. Cette incertitude met en lumière la complexité des facteurs en jeu, incluant les événements climatiques extrêmes et les mutations plus lentes comme la désertification ou l’élévation du niveau des mers.
La réponse de la communauté internationale à cette crise évolue lentement, comme en témoigne la création d’un fonds de compensation lors de la COP28. Néanmoins, ces efforts demeurent insuffisants face à l’urgence et à l’ampleur du problème. Il est clair que la réduction des migrations climatiques ne peut se limiter à une question de nombres. La clé réside dans l’élaboration de politiques publiques adaptées qui favorisent la résilience et offrent des solutions durables aux personnes contraintes à la migration.
Au-delà des chiffres, la crise des migrations climatiques interroge notre capacité à envisager l’avenir et à repenser notre approche des migrations et du changement climatique. Elle invite à développer une vision plus qualitative, axée sur la gouvernance et l’adaptation, reconnaissant la complexité de ces phénomènes et la nécessité d’agir de manière concertée.
Les récits de résilience et de solidarité internationale, comme ceux de la communauté Guna et des habitants de Tuvalu, nous rappellent que notre humanité commune est notre plus grande force face au changement climatique. Ils soulignent l’importance de la solidarité mondiale et de l’action collective pour construire un avenir plus sûr et inclusif pour tous, en reconnaissant et en répondant aux défis posés par les migrations climatiques.
Dr Mohamed Tahar Aissani