Après un an du premier cas de brulures sur les pêcheurs en mer, la Guinée vient d’enregistrer la même situation. Plusieurs pêcheurs ont été victimes de brulures sur leur peau, et même les parties intimes dans les eaux guinéennes. Pour en savoir d’avantage nous avons rencontré Fode Idrissa Kallo, secrétaire chargé des affaires extérieures communication et information de la pêche artisanale.
Nous avons vu les pêcheurs avec les brûlures, pouvez-vous nous expliquer cette situation ?
En fait, c’est un déversement des produits chimiques par des navires miniers en mer. Donc au large de Conakry, les pêcheurs ont été en contact avec la nappe d’eau, c’est ce qui a fait la brûlure au niveau de leur corps. Et d’autres même, c’est sur leur partie intime. Ce n’est pas la première fois. Le 13 avril 2023, c’était la même chose. Là aussi il y a eu environ 800 pêcheurs qui ont été victimes de ces brûlures. De Conakry, Koukoudé, Boffa, Taboria, presque dans tous les débarcadères il y a eu des victimes. Donc je pense que les dispositions qui n’ont pas été prises, ce qui fait que cela a repris.
Ils sont au nombre de combien qui sont victimes de cette situation ?
Cette année, on a enregistré pour le moment 9 cas à Conakry. Ils sont tous de Boulbinet. Ils ont été à l’hôpital Donka. Parmi eux, 5 ont passé la nuit, les 4 ont été libérés. Et aussi parmi les 5 qui ont passé la nuit, 3 ont été libérés en fonction de leur gravité. Et 2 sont actuellement à l’hôpital. C’est l’État qui les prend en charge.
Est-ce que vous avez mené des investigations autour de cette situation et qui est l’auteur ?
Pour le moment on ne connaît la société qui a fait ça, mais ce sont les sociétés minières. Il faut comprendre qu’elles ont des zones de transbordement, notamment à Rio Pongo qui prend sa source à Fatala, il y en a aussi à Koukoudé, là-bas il y a une société qui est installée. Au niveau de ces lieux de transbordement, comme les eaux Maritimes de Guinée n’est pas si profonds, des gros navires qui viennent ne peuvent pas rentrer. Comme ils ne peuvent pas rentrer, il y a des lieux qu’ils choisissent comme lieux de mouillage qu’on appelle bateau gare. C’est à dire, en quittant dans d’autres pays, ils viennent vides, mais ils prennent de l’eau en mer. Donc l’eau là, à l’approche de notre ZE, ils doivent se débarrasser de cette eau. C’est ce que la loi recommande. Et après ils prennent une nouvelle eau pour qu’ils puissent rentrer dans notre ZE. Mais certains ne le font pas. Ils viennent d’abord dans notre zone de mouillage pour se débarrasser de cette eau, et cela trouvera que c’est mélangé avec des produits chimiques issus des nettoyages. Et quand vous vous êtes en contact avec ces produits, ça vous brûle.
Dites-nous quelles sont les dispositions prises par l’État face à cette situation ?
Cette année, je ne connais pas la réaction de l’État. Mais l’année passée, une commission interministérielle a été mise en place. Ils ont fait le rapport. Donc si les dispositions ne sont pas prises, le pêcheur qui est victime va s’attendre à quoi ? Alors que c’est sa vie qui est menacée. Et avec ça il ne peut pas aller en mer. Et s’il ne va pas en mer, il ne va pas nourrir sa famille.
Avez-vous un message à l’endroit des autorités pour mettre fin à de telles pratiques dans la mer ?
L’appel que je lance aux autorités, c’est de leur dire que l’activité minière a aujourd’hui un énorme impact sur la pêche artisanale, pas seulement le déversement de ces produits, mais aussi quand vous prenez la côte tout est transformé en port minier. 17 ports miniers sont installés sur une côte de 350 km, et d’autres sont en projet. Alors si nous ne diminuons pas ces ports, est-ce que nous pouvons faire notre activité ? Puisque là où les poissons doivent se reproduire, se nourrir, est aujourd’hui menacé par les mouvements des bateaux, et des remorqueurs. Alors que s’il y a des bruits, les poissons vont avoir peur et ils vont fuir.
Interview réalisée par LALEMAN GUINÉE