La baie de Sangaréah, localité située dans la commune rurale de Khorira, préfecture de Dubréka, fait face aux conséquences de l’implantation d’une usine de ciment. Là-bas, les dégâts sont énormes. L’environnement subit une forte dégradation. Cette usine de ciment en plein essor occupe un espace qui ne laisse aucune chance à l’environnement. Cette localité entourée de mangrove florissante, est exposée aux conséquences néfastes des remblais réalisés sur le terrain. Les activités de pêches sont touchées par ce remblayage.
« Vous avez vu comme moi, plus de 7 hectares de mangrove ont été complètement détruit pour installer un port fluvial clinker de sol ciment. Nous sommes étonnés de voir la destruction de cette mangrove plus précisément dans une zone de nurserie, là où les petits poissons se reproduisent et que les petits poissons qui n’aiment pas la salinité vivent.
Donc c’est là-bas qu’on est entrain d’installer un port fluvial et qui parle de port fluvial parlera forcément du cricket. Vous n’êtes pas sans le savoir que le clinker avec les poussières qui tombe dans l’eau va jouer sur la branchie des petits poissons qui ne respirent que par leur branchie. Si ça cette colle sur leurs branchies ça va les tuer. Et il y’a la terre rouge aussi qui est entrain pousser vers la mer, ils ont détruit la mangrove et ramener vers la mer. Les petits bois qui sont dans l’eau est entrain de couper les filets des pêcheurs. » Dénonce, Idrissa Kallo, Responsable communication et chargé des affaires extérieures de la Fédération Nationale de la Pêche Artisanale de Guinée.
Une semaine après le départ du Directeur général du milieu marin et côtier des lieux, les machines sont toujours en action. Il avait pourtant intimé les responsables de cette usine d’arrêter les travaux de remblais sur le terrain. Idrissa soupçonne une main noire d’un haut placé derrière cette affaire qui continue à détruire la mangrove. « Plus grave dans tout ça, le ministère de l’environnement à travers la direction nationale de protection du milieu marin et côtier, le directeur était là avec le commandant de la gendarmerie de l’environnement de Dubreka, pour venir arrêter les travaux. Mais regarder derrière moi, les machines sont toujours en action, ils sont entrain de travailler, où est le respect de l’État dans tout ça ? Donc ça veut dire qu’il y’a sûrement quelqu’un qui est proche du CNRD qui est entrain d’intimider les différents Directeurs ou Madame la ministre de l’environnement. On ne sait pas, pourquoi tout cela est entrain de se produire aux yeux de tout le monde et des décideurs, même le ministère de la pêche n’en dit rien, surtout que, qui parle de zone de nutrition parle de poisson et le ministère de la pêche. Donc le ministère de la pêche est interpellé, mais jusqu’à présent personne ne bouge pour venir voir la réalité sur le terrain. Et on ne sait pas où aller. » A-t-il déploré
Ousmane Camara est un habitant de cette localité. Il est révolté dans son âme. Face à cette situation qui lui semble dépassé, il montre un visage désespéré et explique son désarroi face à cette destruction de leur environnement immédiat qui impact fortement des activités pêche de toute la localité. « Ils ont détruit toutes nos activités en faveur du port. Nous, on ne compte que sur cette mangrove, on vit qu’à travers ça depuis des siècles, C’est ici on pêche, c’est ici on sème le riz et on produit le sel. Même pour aller à Conakry c’est sur cette mer qu’on va traverser, toutes nos activités roulent à travers cette mangrove, et si on nous dit aujourd’hui qu’on ne va plus pêcher ici par ce qu’ils vont détruire la mangrove et construire un port, là, ils vont nous tuer. Il faut vraiment revoir cette situation. » S’est exprimer avec vigueur, Ousmane Camara.
L’utilisation des produits chimiques, des engins roulants et autres machines pour la fabrication du ciment dans cette zone, n’est pas sans conséquences sur la biodiversité et la vie des riverains. Impuissant devant cette réalité angoissante, Mohamed Saliou Fofana, regrette et se rappelle de toutes ces années passées pour la protection de la mangrove dans la zone.
« Il y’a de cela, 13 ans que la coordination sous-préfectoral Khorira est là pour la protection cette mangrove. C’est à partir de la mangrove, il y’a la pêche, si n’y a pas de mangrove les poissons vont disparaître, donc toute la population de SANGAREYAH dit que c’est dans cette mangrove que les poissons viennent reproduire. C’est pourquoi nous tenons à ce que cette mangrove reste. Parce que nous sommes nés dans ça, grandit dans ça et nous allons mourir dedans.» dit-il
Sur le terrain, plus de 7 hectares de mangrove sont déjà détruits pour la construction de ce port fluvial pour l’acheminement du ciment par la voie maritime. Les habitants quant à eux, continuent de subir les revers de cette construction et la destruction de la mangrove. Les activités telles que la pêche, l’agriculture et de l’élevage sont fortement impactés affirment les riverains.
LALEMAN GUINÉE/Aliou DIALLO