L’urbanisation de la ville de Conakry a connu un développement exponentiel et important depuis des décennies. Cette activité ne passe pas sans effets néfastes sur l’environnement. Dans la capitale guinéenne, au regard de nombreux constats, l’octroi des domaines ne respecte pas certains principes du code foncier et de l’environnement. Cela peut s’expliquer par divers facteurs notamment, le blocage des passages de l’eau pour des constructions, les remblayages en bordure de mer, la coupe de la mangrove et la construction sur les cours d’eau et les têtes de sources.
Le marigot Kirkilan situé entre Bailobaya et Fofoméré dans la commune de Dubréka se trouve confronté aux mêmes réalités. Aujourd’hui, ce cours d’eau est lourdement menacé par l’urbanisme. Sur les lieux, le constat est alarmant. Aboubacar Barry un citoyen qui vit à quelques microns de ce marigot depuis plus d’une décennie, dresse un constat alarmant sur l’état actuelle de Kirkilan.
« Je suis venu ici en 2006, mais nous avons constaté ces dernières années, beaucoup de familles qui construisent aux côtés du marigot. Avant c’est là-bas qu’on puisait de l’eau. Maintenant même pendant la saison pluvieuse l’eau est très sale. Les parties sur lesquelles ils n’ont pas construit sont remplis d’ordres. Si vous remontez un peu, vous allez voir des maisons qui sont bâties sur le marigot, et tout dernièrement au niveau de la source, quelqu’un a défriché là-bas pour des constructions. » raconte ce jeune citoyen de Kirkilan.
Un marigot qui était autrefois large, ne constitue aujourd’hui qu’un torrent qui est menacé encore par les constructions anarchiques. Actuellement, ce marigot tarit pendant la saison sèche, une réalité remarquée ces dernières années. Trouvé dans son jardin en train de repiquer des feuilles de patate, Fatoumata Sylla la quarantaine nous fait savoir. « Avant on pouvait avoir de l’eau durant toute la saison. Il y a des années de cela, sur les parties où nous cultivons la patate, parfois l’eau pouvait monter jusqu’au niveau des cuisses. Mais actuellement comme vous le constatez, il n’y a presque pas d’eau. Quand la saison sèche va commencer, c’est seulement une partie qui est au niveau de la cour là-bas qui ne tarit pas, en ce moment nous allons partir jusque là-bas chercher de l’eau pour arroser nos cultures. » Explique-t-elle.
Un autre jeune homme rencontré dans cet endroit, dit être touché par ce phénomène et qui lié à l’action anthropique de l’homme. Le marigot ne fait que disparaître peu à peu, l’inquiétude chez les habitants grandit au fil des ans. Selon lui, la façon dont les constructions se font sur le marigot est très dangereux. Cela peut même entraîner des effets néfastes sur l’environnement. Il lance un appel aux autorités pour mettre fin à la vente des domaines de construction dans la localité.
« Nous demandons aux autorités en charge de l’urbanisme et de l’habitat de revoir les façons d’octroyer les terrains à Conakry. Aujourd’hui ce marigot est très menacé. Si ça continue de cette manière, les gens vont fermer ce marigot par les remblais. Le marigot était très large, ce sont les constructions anarchiques qui l’on rétrécit comme ça. Et avec la multiplication des personnes il y a trop de déchets dans le marigot. Donc les autorités doivent agir avant que ça ne soit trop tard. » a-t-il laissé entendre.
Actuellement, plusieurs domaines maritimes sont menacés dans la capitale Conakry et à l’intérieur du pays. Et cela sous le regard impuissant des citoyens et l’inaction des ministères de l’Environnement et de l’Urbanisme qui ont le rôle régalien de surveiller et protéger l’environnement.
Mamadou Baïlo KANTE pour planet-environnement.com