À travers les âges, la vénération envers la nature a été chantée par les poètes, mais aujourd’hui, ce sont les mouvements politiques et idéologiques dévoués à la cause environnementale qui portent haut cette bannière. L’époque où l’environnement n’était qu’une simple réserve pour l’humanité est révolue. Ces mouvements, émergés dans l’arène du système capitaliste mondial, proclament leur engagement indiscutable envers la protection environnementale, au-delà des frontières étroites du simple préservationnisme.
Les années 1970 ont sonné l’heure de leur ascension, leur essor coïncidant avec l’appel à l’émancipation des nations opprimées et leur aspiration à un développement souverain. Les médias ont peu à peu braqué leurs projecteurs sur ces sentinelles de la nature, tandis que le monde réclamait un changement, une nouvelle direction loin des vieilles chaînes de l’exploitation.
Pourtant, des voix critiques se sont élevées, incisives et intransigeantes envers les organisations environnementales, dénonçant leur complicité avec les impérialistes mondiaux. Elles ont soulevé le voile sur l’instrumentalisation de la préservation de la nature pour maintenir les nations défavorisées dans une dépendance pernicieuse, alimentant les puissances dominantes en ressources à bon marché. Les réserves naturelles, créées dans les territoires des peuples autochtones, ont éveillé des soupçons quant aux véritables motifs de ces organisations.
Au-delà, les critiques se sont abattues sur ces défenseurs de l’environnement pour leur étonnante inertie face aux principaux agents de pollution et de destruction : les multinationales. Tandis qu’ils prônaient la responsabilité individuelle, ils feignaient l’aveuglement face aux ravages orchestrés par les titans de l’industrie. Les dommages économiques occasionnés par les sévices à l’environnement dans les nations en développement sont estimés à des centaines de milliards de dollars d’ici 2030. Les victimes du dérèglement climatique, jetées sur les routes de l’exode, sont laissées pour compte par les nations nanties.
Les Nations Unies, plateforme présumée de résolution des maux planétaires, se retrouvent sous les feux de la critique pour leur inaction éhontée lors des conférences environnementales, où les intérêts des géants capitalistes prédominent sans vergogne. Des rencontres qui se perdent en paroles creuses, manquant cruellement de décisions concrètes, de soutien financier substantiel envers les pays émergents, des pays qui luttent vaillamment contre la furie climatique.
Une ombre plus sinistre se profile : la « colonisation verte », un euphémisme sournois pour décrire les manœuvres de certaines nations européennes. Elles renforcent leur emprise sur les énergies fossiles en Afrique tout en arborant un masque écolo. Ce néocolonialisme déguisé est violemment contesté, pour son mépris envers les populations locales et son impact ravageur sur l’écosystème.
En point d’orgue, cette analyse incisive clame haut et fort que la crise écologique s’entrelace avec la crise sociale et économique. Les cicatrices de l’iniquité financière, les chaînes du capitalisme, sont gravées dans le tissu même de notre environnement. Les défenseurs de la nature doivent ouvrir leur vision, embrasser la globalité de la solution, intègre et équilibrée, où l’écologie, le social et l’économique se fondent en un tout indivisible.
Par : Dr Aissani Mohamed Tahar, médecin spécialiste formé en médecine de l’environnement, membre de l’Association Nationale de Protection de l’Environnement et lutte contre la pollution Algérie . E-mail: aissanimedt@yahoo.fr