Il est l’un des rares cadre qui a gravi tous les échelons dans le domaine de l’environnement. D’abord il est de formation en foresterie, ensuite il a connu toutes les étapes de l’administration dans la protection de l’environnement. Colonel Layali Camara, il s’agit bien de lui. Ancien cadre l’Institut Valéry Giscard d’Estaing de Faranah, ancien directeur général du centre forestier de N’zérékoré, et ancien Directeur National des Eaux et Forêts, un dernier poste qu’il occupé avant sa retraite.
Cet homme a œuvré durant toute sa carrière depuis sa sortie de formation de l’éducation forestière à l’Université de l’Aval où il fait son PhD. Aujourd’hui, il compte mettre son expertise au service de la conservation et la protection de l’environnement à travers un cabinet mis en place après son départ à la retraite. Nous avons bien voulu aller à la rencontre de cet homme qui n’est pas le moindre dans le secteur de l’environnement en Guinée.
Bonjour colonel… quuelle analyse faites-vous de la situation actuelle de l’environnement en Guinée ?
La situation environnementale en Guinée n’est pas reluisante. L’environnement subit une forte pression de la part des acteurs de bois. D’abord l’exploitation du bois sous toutes ses formes, bois de chauffe, bois d’œuvres, bois de service surtout au niveau de la mangrove. Ensuite Il y’a la carbonisation qui est en réalité une activité de grande destruction des massifs forestière. Il y’a aussi la fabrication des faunes à bruits tout au long des cours d’eau. Donc sa c’est au niveau de la foresterie.
Il y’a l’agriculture itinérante et l’agriculture sur brulis qui dévore les grandes superficies de forêt de leur passage. Il y’a les activités minières, l’exploitation minière tant à sa forme industrielle que sa forme artisanale aujourd’hui il y’a tout une gamme, toute une panoplie de sociétés minières qui sont sur le terrain entrain de travailler, de pousser aux tranches de la dégradation de l’environnement et sans aucune mesure de compensation par endroits.
Il y’a aussi l’élevage extensive et d’autre activité en annexe, qui, en réalité ont un impact sérieux sur le couvert végétal, sur l’environnement dans sa globalité.
Quels sont les risques auxquels la forêt est confrontée ?
Aujourd’hui, les risque sont nombreux, avec la cadence d’exploitation que nous voyons le risque est très grand. Car la forêt se dégrade, la Guinée occupe une position stratégique avec plus 1160 cours d’eau, aujourd’hui, ces cours d’eau sont compromis dans leur existence. Les autorités ont construit des barrages, mais si les mesures ne sont prises, les cours d’eau vont disparaître en ce moment nous ne pouvons plus parler de barrage. Et les barrages fournissent et de l’électricité et d’eau. Donc il faut obligatoirement, voir impérativement prendre des mesures pour protéger et conserver ces ressources forestières, tant au niveau des berges qu’au niveau des têtes de source d’eau.
Ce n’est pas seulement où les barrages ont été construits qu’on doit protéger il y’a d’autre grand fleuve, même les petits cours d’eau mérite d’être protéger. Malheureusement nous constatons aujourd’hui qu’il y’a une disparition de beaucoup de cours d’eau donc c’est une alerte qu’il faut lancer aux autorités pour vraiment prendre les dispositions afin de corriger cette tendance de dégradation. Et aujourd’hui vous voyez il y’a un changement climatique, le réchauffement climatique, les inondations, les sècheresses, cette année tout le monde se plaint de la grande sècheresse horrible que nous sentons dans nos maisons.
Dites-nous, quels sont les engagements pris par la Guinée vis à vis de la protection l’environnement ?
Notre pays compte tenu de sa position stratégique mérite d’être accompagné, par ce que si l’environnement est dégradé en Guinée tous les pays de la sous-région vont en pâtir. D’où une nécessité, une synergie d’action de la part des acteurs voir organiser un audit pour parler de la position de la Guinée.
Aujourd’hui le ministère de l’environnement est quelque peu sevré, il y’a beaucoup de cadre, les 95% des compétences sont partis à la retraite, ce qui n’a pas été une bonne chose en soi. Il fallait le faire de façon progressive pour aider la génération montante de se former, d’être outillée pour faire face aux grands défis de la protection, de gestion des ressources forestières.
Dites-nous quelles sont les actions que vous menez sur le terrain ?
Sur le terrain le cabinet est nouveau. Il vient de naître, nous avons tous les documents, nous avons l’agrément, nous avons le RCCM, nous avons tous les éléments juridiques à notre disposition. Et nous avons lancé une information au niveau du ministère d’abord parce que notre mission c’est d’accompagner l’État en première position, les institutions en charge de la gestion de l’environnement.
Nous avons adressé des correspondances avec tous les documents nécessaires pour manifester notre présence, la naissance de notre cabinet, un cabinet d’expertise composé de plus de onze experts de l’environnement. Donc nous entendons accompagner les institutions du pays et aujourd’hui nous attendons les différentes réactions.
Nous avons informé aussi d’autres ONG de la place, par exemple Guinée écologie, les partenaires internationaux la FAO, le PNUD, L’UNION Européenne L’USAID etc. nous attendons les différentes réactions. Nous sommes prêt compte tenu de la compétence, de l’expertise dont nous disposons d’accompagner le pays l’État dans la conception dans la mise en œuvre des projets et programmes de développement en matière de gestion de l’environnement.
Vous avez mis récemment un cabinet en place, que comptez-vous faire dans le cadre de la protection de l’environnement ?
Dans la protection de l’environnement nous entendons toujours accompagner l’État. Par ce que, c’est notre pays et l’État s’est beaucoup investi pour notre formation, donc il serait intéressant que nous cherchions à rembourser la dette.
Cette dette c’est quoi, c’est de mettre en place des mécanismes de bonnes gestions, de bonnes pratiques de l’environnement avec notre expertise, donc nous entendons en tout cas appuyer la formation le renforcement des capacités des agents des nouveaux agents qui sont aujourd’hui en place. Par ce qu’il y’a beaucoup les conservateurs de la nature, y’a beaucoup qui ne sont pas de profils et méritent d’être accompagné, d’être outillé, d’être formé dans le domaine, dans les différentes disciplines de la foresterie et aussi au niveau de l’assainissement.
Nous avons tout une gamme d’experts et outils, qui ont beaucoup d’expérience qui ont beaucoup travaillé et c’est ainsi que nous pensons ajouter notre grain de sable la protection de l’environnement de notre pays.
Votre message à l’endroit des autorités guinéennes et même la population ?
Au niveau de l’État, il faut que l’environnement soit une priorité. Mais malheureusement, nous constatons qu’il y a une forte dégradation avec toutes les actions, les activités qui sont menées sur le terrain et cela ne contribue pas à la préservation, à la protection de l’environnement.
C’est pourquoi, j’invite l’État à s’investir davantage dans la protection, dans la conservation des ressources de l’environnement et aussi, il faut que la population prenne conscience de la nécessité de préservation de protection des ressources forestières dans notre pays.
L’État seul aujourd’hui ne peut pas, l’État providence n’existe pas il faut que les populations, les ONG et que tout un chacun s’implique dans l’effort de protection, de la préservation de nos ressources forestières et surtout renforcer les liens, les contacts avec les institutions internationales qui sont prêtes à nous accompagner dans le domaine de la préservation de la flore et de la faune dans notre pays. C’est ce message que j’ai à faire passer et j’espère que les autorités si elles entendent, prendrons des mesures nécessaires pour corriger toutes les conséquences dont j’ai énuméré plus haut.
Interview réalisée par LALEMAN GUINÉE