L’agriculture est l’un des secteurs porteurs de croissance. De nombreux pays dans le monde trouvent aujourd’hui leur salut du développement dans ce secteur. En Guinée, ont trouvé un peu partout de terres cultivables et propices à diverses cultures. La potentialité agricole est même estimée à plus 10 millions de terres. Cependant, le secteur reste encore sous exploité pour atteindre l’autosuffisance alimentaire en Guinée. Abdul Magid ADJIBADÉ, est comptable de formation, mais à ce jour, il est tourné vers l’agriculture.
Il est même consultant agronome et spécialisé dans la production maraîchère au compte de son cabinet AMAFE CONSULTING, qu’il a bien voulu mettre en place. Nous sommes allés à la rencontre cet homme passionné de la terre, qui travaille avec plusieurs autres coopératives et des particuliers depuis 7 ans en Guinée. À cœur ouvert il nous explique à quoi ressemble pour lui, l’agriculture.
Bonjour M. MAGID, parlez-nous de vous ?
Je suis Abdul Magid ADJIBADÉ. Je suis ingénieur agronome et depuis quelques années je suis en Guinée où j’accompagne tous les promoteurs agricoles dans le secteur de l’agriculture. Nous faisons un peu de tout : du suivi, de l’accompagnement, de l’installation dans le domaine agricole.
Parlez-nous de votre structure ?
Je suis le responsable de AMAFE Consulting, qui est un cabinet de conseil agricole. Nous sommes purement dans le secteur de l’agriculture, mais spécialement dans le maraîchage où nous mettons en place les systèmes d’irrigation pour pouvoir permettre aux promoteurs agricoles de faire leur activité en contre-saison.
Nous installons des fermes, nous accompagnons de façon technique les promoteurs agricoles et nous les apprenons par exemple à la production des engrais bio. Parce qu’aujourd’hui nous luttons fortement contre tout ce qui est utilisation de produit chimique dans l’agriculture.
Comment AMAFE s’est intégré dans l’agriculture guinéenne ?
J’étais venu en mission pour faire six (6) mois, je me suis rendu compte qu’en Guinée il y a beaucoup à faire dans le secteur agricole. Quand j’ai fait un peu le tour de la basse côte vers Labé, je me suis rendu compte que les gens ne produisent pas assez ou du moins les techniques de production ne sont pas adaptées à la réalité. Donc, pour ce faire, j’ai décidé de mettre en place un cabinet pour accompagner tout ceux qui sont promoteurs agricoles, en intrant, en semence et en technique de production pour améliorer leur rendement.
Quelle est la particularité de votre structure ?
La particularité c’est que nous pouvons être là du début jusqu’à la fin. Ça veut dire, on peut mettre en place la structure, on peut faire le suivi, on peut trouver des ouvriers agricoles pour que la production soit complète, de la mise en terre de la semence jusqu’à la récolte finale. Et mieux nous évoluons dans un processus purement bio. Avec les matières premières existantes sur le territoire guinéen, on peut produire des engrais sans utiliser aucun engrais chimique(…)
Quelles sont les activités développées par AMAFE ?
La plus grande partie c’est le suivi et l’accompagnement des promoteurs agricoles. Ça veut dire quoi ? Quand vous êtes un citoyen lambda et vous avez envie de vous lancer dans l’agriculture, quand vous venez vers AMAFE, on vous fait des propositions concrètes en fonction de ce que vous voulez. On vous fait des propositions appropriées. Ça veut dire si vous avez envie de faire la culture contre-saison, on vous dit le système d’irrigation qu’il faut mettre en place, on envoie le matériel qu’il faut, on met le système d’irrigation en place.
Quels sont les grands exploits que vous avez fait sur le terrain ?
C’est ma 7ème année en Guinée. J’ai fait beaucoup plus la basse côte et j’ai eu la chance de travailler avec les gens de la SMB sur un programme pour l’environnement, où on a formé les femmes du village de Souguébougni à la production maraîchère sur une quinzaine d’hectares. Cette expérience, je l’ai fait pendant huit (8) mois à Boké. Par la suite j’ai géré la ferme d’un particulier dans la zone de gbétty où on a fait la production des bananes, de l’ananas et des produits maraîchers….
Quelles sont les zones d’exploitation dans lesquelles vous évoluez plus et les réalisations que vous avez eu à faire dans ces zones ?
J’ai eu la chance de faire le tour de la basse côte. J’ai fait Marefènyah, j’ai fait Gbétty, Kamsar-Boké, Boffa, Kindia. Tous les sites que j’ai eu à citer en grande partie c’est des productions maraîchères, les produits de tomates, production de piment, de concombre (…)
La Guinée est un pays à fort potentialité agricole, quelles sont les opportunités auxquelles on peut s’attendre ?
La Guinée est un pays très bien arrosé et la base de l’agriculture c’est la terre et l’eau. Heureusement la Guinée fait encore partie des Pays de la sous-région qui ont cette potentialité où il y a assez de terre fertile, où il y a une grande pluviométrie mais malheureusement la production est faible. Avec la situation géographique de la Guinée, la Guinée peut non seulement nourrir la population guinéenne mais au-delà des frontières les Pays comme le Sénégal, le Mali qui ont besoin de beaucoup de produits agricoles. Donc ça serait plus intéressant d’accroître la production locale pour pouvoir amoindrir le coût d’achat à la population locale, mieux une production sur une grande échelle permet d’avoir une exportation vers le Sénégal et vers le Mali.
Comment la collaboration se passe entre vous et les coopératives ?
Vous savez la société guinéenne est une société très conservatrice et ce n’est pas toujours facile de changer les manières de faire. Mais progressivement quand on les montre la différence entre la pratique qui se faisaient dans le passé et les réalités aujourd’hui, ils se rendent compte petit à petit, difficilement, mais ça prend du chemin, c’est un processus on espère qu’avec le temps tout rentrera dans l’ordre.
En termes des perspectives à quoi on peut s’attendre ?
Déjà l’objectif principal c’est de permettre en grande partie à la population, ou bien à la majorité des gens de produire seulement en contre-saison. On a remarqué généralement en Guinée, tout le monde ne produit qu’en hivernage ce qui fait que plus ou moins les produits sont en abondance et pourrissent en période d’hivernage. Par contre dès que la période d’hivernage finie, on est en manque total de ces produits. Aujourd’hui on a la possibilité de mettre des systèmes d’irrigation, où on peut produire en plein mois de janvier, de février et de mars. Ce qui est encore plus intéressant est que la production contre-saison est mille fois plus rentable que la production à l’hivernage. Donc l’objectif s’est d’amener la majorité des fermes agricoles à produire en contre-saison pour que les produits de première nécessité comme par exemple, le gombo, l’aubergine, le piment soient en abondance en période de contre-saison pour permettre à la population de se procurer à un coût beaucoup plus réduit
Pour finir, qu’est-ce que vous avez à dire à la population guinéenne concernant le secteur agricole ?
La seule chose que je peux dire, il n’y a pas un secteur plus rentable que l’agriculture. Donc que je sois informaticien, comptable, policier (…), c’est toujours bon d’avoir une ferme agricole à côté. On se rend compte qu’aujourd’hui, l’agriculture rapporte quel que soit le secteur. L’agriculture est mille fois plus rentable que l’immobilier. Donc au lieu de mettre des centaines de millions dans l’immobilier, ça serait bon d’avoir un ou deux hectares de production des produits de première nécessité qui, non seulement va arranger la population guinéenne, mais qui va arranger tout le monde. L’agriculture peut rendre riche et très riche même.
Monsieur Abdul Magid ADJIBADÉ…
C’est moi qui vous remercie pour votre déplacement…
Interview réalisée par LALEMAN GUINÉE