La COP15 de Montréal, du 7 au 19 décembre 2022, s’annonce comme l’un des sommets environnementaux décisifs pour adopter de nouveaux objectifs mondiaux de lutte contre la perte de biodiversité. Les “objectifs d’Aichi”, qui avait défini une stratégie pour la période 2010-2020, n’ayant pas été atteints, il s’agit d’établir une nouvelle feuille de route pour l’action internationale en faveur de la biodiversité pour la période 2020-2030 afin de protéger le vivant. Les Nations unies soulignaient en 2020 que l’ODD 15 sur la conservation de la biodiversité ne pourrait être atteint avec l’état actuel des aires protégées.
Les données scientifiques, notamment émanant de l’IPBES, alertent sur le recul de la biodiversité avec un million d’espèces en voie d’extinction en 2019. La protection de la grande faune africaine et de ses espèces emblématiques, comme les éléphants, les chimpanzés et les lions, est ainsi une préoccupation majeure.
Si la mise en place de zones protégées est l’un des leviers les plus efficaces pour préserver écosystèmes et biodiversité, les recherches montrent aussi que leur efficacité dépend du degré d’intégration des projets de conservation dans les stratégies nationales et locales et de leur corrélation avec les autres pans de l’action publique : politiques de reforestation, réseaux hydriques, agriculture, développement économique des populations locales.
L’impact des zones et autres aires protégées sur la biodiversité et la résilience des écosystèmes repose aussi sur la mise en place de réseaux de connectivité. Ils permettent de maintenir la diversité génétique des espèces, d’assurer leur migration naturelle et parfois même de les aider à s’adapter aux changements climatiques. Aujourd’hui, seule la moitié des aires protégées est connectée. En limitant le morcellement des habitats naturels, les corridors écologiques sont une des formes de ces réseaux de connectivité.
Dans un contexte de crise environnementale systémique où les problématiques biodiversité, climat et désertification – des trois Conventions des Nations Unies sur l’environnement – sont liées, l’association Climate Chance, dont le savoir-faire est justement la mise en réseau des acteurs, à travers ses Sommets et ses Coalitions multi-acteurs, lance une nouvelle plateforme internationale de mobilisation autour de la question centrale des corridors de biodiversité en Afrique, co-présidée par 3 pays : la France, le Gabon, et la Guinée.
Dans un domaine où les initiatives se multiplient, elle sera un outil de coordination, d’échange de bonnes pratiques, de montée en compétences et proposera une cartographie à l’échelle du continent. La Coalition visera aussi à mobiliser des financements afin d’accélérer la rénovation d’anciens corridors ou le développement de nouveaux. Il s’agit d’explorer les synergies possibles avec les actions liées à la lutte contre le dérèglement climatique, notamment dans le domaine de la foresterie.
Dès janvier 2023, Climate Chance déploiera un premier projet démonstrateur issu de cette nouvelle Coalition. en Guinée, pays au couvert forestier en tension et au carrefour de nombreuses connectivités écologiques. L’Etat guinéen s’est engagé dans une Stratégie Nationale et dans la mise en œuvre d’un plan national de conservation de la biodiversité (2016-2025) où les enjeux d’inclusion des populations locales et de gestion des corridors biologiques sont soulignés.
L’événement de lancement de la coalition internationale « Corridors de biodiversité en Afrique », placé sous le haut patronage de la République française, se tiendra le 15 décembre, dans le cadre de la COP15 à Montréal.
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