La pêche, l’agriculture, le maraîchage et le commerce sont les différentes activités principales de la population de Koba dans la préfecture de Boffa.
KOBA est l’une des zones agropastorales de la préfecture de Boffa. Une localité située à environ 150 Km de Conakry. Aujourd’hui, suite à la montée des eaux, elle est confrontée aux problèmes d’infrastructures sociales de base et la disparition de ses terres cultivables. Ce qui est devenu un problème pour ces habitants qui sont souvent organisés en groupement ou associations de travail pour subvenir à leur besoin.
Rencontré à Taboria, Aye Soumah est la présidente du groupement Yètèmali, une association de 20 membres qui pratique riziculture. Selon elle, son groupement ne peut exploiter plus d’un hectare de terres cultivables à cause de la montée des eaux. « On fait le commerce, on cultive le riz, aujourd’hui on n’a pas assez d’intérêt, par ce que l’eau nous fatigue beaucoup. On a l’habitude de travailler sur un hectare et demi, mais aujourd’hui on ne fait même pas la moitié à cause de l’eau et au moment où on peut bien cultiver le riz coïncide à la saison sèche » s’est-elle lamentée.
Ousmane Tatéma Soumah, est chargé de l’agriculture dans la commune de Koba. Il est également membre d’un groupement qui évolue dans la culture maraîchère dans la zone de Galènya. Il soutient que le travail dans les bas-fonds est bloqué chaque année dès le mois de mai à cause du manque d’un système de drainage fiable des eaux. « On fait le gombo, la tomate le piment, les concombres, et les aubergines. On exploite un demi hectare seulement au long de ce bas-fonds et ça c’est en contre saison, il y’aura un moment à partir du mois de mai on descend dans les plaines, il y aura assez de l’eau ici à partir du mois de juin-juillet. Comme ce n’est pas tellement drainé, si c’est drainé on peut travailler pendant l’hivernage et la saison sèche. La culture maraîchère est de plus en plus répandue à Koba, la culture maraîchère est meilleure par apport à la culture du riz, nous revendons nos produits sur le champ ou dans les marchés ça dépend du client ». A soutenu cet agriculteur.
Les effets du changement climatique touchent également le secteur de la pêche à Koba, les pêcheurs ont souvent du mal à accoster leurs pirogues à cause de la remontée du sable crée par la montée des eaux après la saison des pluies. Des vents violents avec une marée montante instable sont aussi des conséquences d’un climat non maitrisé. Pourtant le port de pêche de Koba Taboria produit plus de 4 à 5 tonnes de poisson par jour. Cependant, ce port est confronté à nombreuses difficultés dont le manque de chambre froide ou de moteur hors-bord pour les pirogues. « Les pêcheurs ont une inquiétude à la rentrée de Koba, y’a beaucoup de sable, à chaque passage du ministère de la pêche ici on leur dit ça, y’a pas de cha
mbre froide on ne peut pas conserver les poissons, chaque année, quand y’a la haute marée le sable s’entassent, c’est la montée des eaux surtout, quand il y a la basse marrée les pêcheurs ne peuvent pas rentrer et c’est difficile d’évacuer les poissons ». Explique Mohamed Laminé Sylla chef de port adjoint de Koba Taboria.
Kitikata, un autre village qui s’écroule d’année en année sous les effets de la montée des eaux. Ce village situé dans la commune rurale de Koba, risque de disparaitre dans les années à venir. Les habitants sont aussi confrontés à de nombreux problèmes environnementaux. Mamasata Fofana fumeuse de poissons depuis plus de 10 ans, affirme que ses amis et elle ont été délogés plusieurs fois par la montée des eaux. « Nous souffrons dans le fumage du poisson, on n’a pas assez de bois, on va chercher du bois jusqu’à Taboria. Nous achetons un fagot à 10000 GNF et le transport coûte 5000 GNF. Nous n’avions pas de four pour le fumage, nous partons jusqu’à Taboria pour chercher de quoi construire nos fours, l’eau nous fatigue, l’eau rentre dans nos concessions, parfois on va à Taboria jusqu’à ce que l’eau redescende. Chaque fois qu’on coupe le bois l’eau avance, la où nous étions au début c’est l’eau qui nous a chassé de ces lieux. Même ici, c’est Dieu seul qui va nous aider » a déclaré dame Mamassata Fofana.
M’Mahawa Camara également fumeuse de poissons depuis 30 ans abonde dans le même sens. Quant à elle, déploré la destruction des fours de fumage par l’eau. « On abandonne ces lieux pendant la saison pluvieuse, on va se coucher à la maison, on ne peut pas trouver de quoi manger, on prend parfois de l’argent avec les marchands difficilement, on n’a rien, on ne peut pas travailler pendant la saison pluvieuse. Nous respirons la fumée chaque jour, qui nous rend malade. » se plaint-elle. Dans la commune de Koba, la coupe abusive du bois est une autre réalité. Cette localité est confrontée à ces actions anthropiques de l’homme. L’environnement est de plus en plus dégradé. Le chef cantonnement a rappelé que malgré le reboisement de 6 hectares dans deux zones différentes et en dépit des patrouilles, les habitant continuent à se servir de la nature pour subvenir à leur besoin. « Tous les jours on fait la patrouille et on fait la sensibilisation pour demander à la population de diminuer la coupe abusive des bois. On fait le reboisement aux alentours des cours d’eau, même dans les mangroves, on fait des sensibilisations mais certains comprennent et d’autres n’écoutent pas. On a reboisement 6 hectares l’année passée à Taboria et à Mayongo 3 hectares chacun » a indiqué Caporal-Chef Pricemou Émile, Chef cantonnement Koba.
Aliou DIALLO