Elles sont 4 dans la capitale guinéenne. Il s’agit bien des forêts classées, non les moindres. Ces forêts qui ont donné autrefois, une belle image et un environnement sain à Conakry, selon un spécialiste des questions environnementales sont de plus en plus menacées de disparition. La forêt de Camayenne, situé dans la commune de Dixinn, est la plus vieille parmi elles. « Elle a été instaurée comme jardin d’essaye, c’est-à-dire le lieu d’expérimentation de plusieurs plantes forestières venues d’ailleurs, qui devaient être essayées en Guinée par un célèbre écologue de l’époque, qui s’appelait le Chevalier. » Entame Mamadou Saliou DIALLO, spécialiste des questions environnementales et fondateur de Guinée Écologie.
La forêt de Camayenne représente un patrimoine d’essai d’espèces d’arbres. Ce qui montre toute son importance au-delà de son rôle de régulation du micro climat « Le jardin de Camayenne était très grande à l’époque, parce qu’il venait jusqu’à l’hôpital Donka qui n’avait pas été construit, et la grande mosquée de Conakry qui n’était pas aussi construite. C’était une grande forêt pratiquement, et il y avait plusieurs espèces de plantes. Maintenant, il ne reste qu’un petit morceau. Mais si vous y allez, vous allez trouver quand-même une centaine d’espèces venue de différente contrée du monde (Afrique centrale, Amérique du sud, Asie…), qui ont quand même montré que cela pouvait pousser en Guinée. J’aime chaque fois citer l’exemple de ces plantes qui malheureusement, n’ont pas été diffusées, c’est-à-dire bien que le Chevalier ait démontré que vous pouvez planter ces arbres-là dans différents endroits de la Basse-Guinée, parce que les conditions climatiques de Conakry se retrouvent dans beaucoup d’endroit de la côtière. Par exemple le Cannelier qui produit la cannelle, dont on exploite l’écorce et qui est produit sur le marché international, qui produit la poudre de cannelle. On a qu’un seul Cannelier en Guinée. Le seul qui se trouve juste au jardin botanique de Camayenne, et qui est là il y a plus près de 70ans, mais il n’a pas été reproduit. C’est un peu dommage », a expliqué Mamadou Saliou Diallo.
Après le jardin de Camayenne avec ces différentes espèces floristiques importées en Guinée avec succès, ce spécialiste a évoqué le cas de la forêt de Kakimbo, située dans la commune de Ratoma. Elle est aussi une forêt classée qui donnait forte impression avec une large étendue se réduit du jour au jour. Une partie de cette forêt est d’ailleurs transformée en lieu d’abatage de bétail.
D’après M. Diallo la forêt de Kakimbo, il y avait aussi plusieurs espèces de plantes. C’est pourquoi elle a été classée afin de défendre et de protéger les essences forestières qui se trouvaient dans cet endroit, poursuit notre interlocuteur. « On devrait faire un effort, et travailler à maintenir ce qui reste en bon état, et en faire un parc naturel urbain ou les gens peuvent venir faire de la détente, du loisir, pour faire de la bicyclette pourquoi pas aussi avoir à l’intérieur des facilitateurs de passage pour les piétons »affirme-t-il.
Cap sur les forêts de Dabompa et Entag …
Les forêts de Dabompa et d’Entag, quant à elles, ont une particularité. Elles ont souvent servi de zones de plantations destinées à fournir des produits de matières premières. Elles ont aussi servi de zone d’implantation d’une usine qu’on appelait ‘’Entreprise Nationale de Tabac et Allumette de Guinée (ENTAG).
« Aujourd’hui, quelques autres petites espèces ont pu sortir de terre et grandir sous l’espèce mono-spécifique qui a été plantée. Cette espèce était uniquement destinée à produire du bois qui allait être traité pour produire les allumettes de l’usine. » Martèle notre interlocuteur. Dans ce sens, il n’a pas manqué de signaler la différence entre plantations et forêt naturelle : « Camayenne et Kakimbo, c’est dans les années 50 et Entag et Dabompa, c’est dans les années 60. » Précise cet environnementaliste
L’importance ou l’enjeu de la sauvegarde de ces forêts pour la ville de Conakry.
Selon Mamadou Saliou Diallo, une forêt c’est le poumon à travers la verdure et l’ombrage que cela crée, ainsi que la possibilité d’attirer les pluies. Elles sont aussi une source de régulation du climat : « Tout cela s’appelle des services écosystémiques d’une forêt et séquestration du carbone. Le filtrage de l’air que procurent les arbres et forêts, cela n’a pas de prix c’est, extrêmement important. Ces forêts sont importantes mais malheureusement elles se sont réduites en surfaces à cause de l’implantation anarchique des établissements humaines, des constructions sur Conakry au point que d’autres forêts qui existaient, qui n’avaient pas de nom, ont été détruites car il y a une perte de couvertures forestière extrêmement importante à Conakry. Le peu qui reste doit être préservé non seulement pour des raisons de santé mais aussi pour des raisons de loisirs. » Décrit-il.
A quoi peut- on s’entendre après la destruction de ces forêts ?
Répondant à cette question, l’environnementaliste a signalé que si les mesures ne sont pas prises à temps, les conséquences de la destruction des forêts pourraient être graves pour la ville de Conakry. Il enchaine en ces termes : « Imaginez, il y a le projet de construction de la ville de Conakry, de Kobaya à Sonfonia. Des terres pour y faire des constructions, des immeubles. Cela à l’air d’être très beau. Mais en réalité, c’est très grave, c’est-à-dire on devrait préserver le reste de forêt que nous avons pour préserver l’humidité et le micro climat que nous avons à Conakry actuellement, parce que l’assèchement de ces zones va créer beaucoup de dégâts. C’est maintenant qu’il faut donner l’alerte. Les forêts sont essentielles, il faut les garder c’est pourquoi on dit dans la nouvelle approche de l’architecture plan globale :‘’Il faut construire les villes dans la nature ». Et puis il y aura le réchauffement climatique local qui favorise la multiplication de beaucoup d’espèces nuisibles tels que les moustiques et d’autres part la basse de la fraîcheur et l’humidité qui constituent des facteurs aggravants, surtout s’il y a la pollution.
Donc on n’a pas de couvertures pouvant séquestrer le carbone. C’est pourquoi on voudrait aujourd’hui que les architectes et constructeurs de la ville pensent à la forêt. »
La ville de Conakry est également entourée de forêt de mangrove. Cette espèce est aussi, importante. Ce qui ne laisse pas indifférent Mamadou Saliou DIALLO « Ces quatre forêts représentent très peu, car la forêt de mangrove entoure la ville de Conakry, de Coyah jusqu’à Kaloum et de Dubréka jusqu’à Kaloum. Il y a une forêt de mangrove qui est vue d’en haut. En fait, les couvertures forestières permettent de maintenir l’humidité des sols et empêchent une destruction convenablement de l’environnement. » Conclu-t-il
Fatoumata Diabaté/ Aliou DIALLO