La ville de Conakry à de la peine à se débarrasser des ordures qui deviennent de nos jours des encombrants dans de nombreuses zones. Pourtant, les déchets peuvent être un moyen de subsistance, mais aussi source d’emploi. Pour connaitre cette problématique, nous avons Kerfala Doré, jeune activiste et coordinateur du projet ‘’Ma poubelle, mon Sac’’. A travers cette interview, il nous explique la place du recyclage dans la gestion des déchets.
La ville de Conakry est maquillée, disons des ordures de toute nature de nos jours et à travers presque toutes les zones importantes de la capitale. De quel œil voyez-vous cette réalité ?
Ce maquillage dépend du manque de responsabilité de l’État et des citoyens, parce qu’aujourd’hui vous êtes d’accord avec moi que le citoyen guinéen n’est pas habitué à gérer son déchet. Généralement, ces points noirs au niveau des carrefours, au niveau des voiries, ce sont les déchets urbains que les citoyens récupèrent, ils envoient au niveau des voiries.
A un certain niveau l’État doit faire la part des choses. Voir comment ils peuvent gérer les déchets des voiries, comment développer des stratégies pour pouvoir gérer les déchets urbains, les déchets domestiques et les déchets de ménage. Donc ce maquillage-là dépend non seulement, de l’État et aussi par les citoyens qui ne s’abonnent pas au PME.
Est-ce que vous pensez comme beaucoup d’observateurs que Conakry pourrait avoir de nouveau ses images dans les temps passés où la ville était débarrassée de toutes les saletés physiques ?
Moi j’ai toujours vu Conakry sale. Mais il faut reconnaître que s’il y a la volonté politique, s’il y a la volonté de rééduquer la population par rapport à la gestion des déchets et s’il y a la volonté de mettre des bases et les stratégies qu’il faut, je pense même dans 1, 2 ou 3 mois, Conakry peut être débarrassée de ces ordures.
Parlons de l’utilité du recyclage. Que peut-être l’utilité de ces déchets ?
J’aime bien répéter que tout déchet peut être recyclé… Donc le recyclage peut être utile pour nous débarrasser de ces déchets. Aujourd’hui, quand je prends les déchets plastiques, on peut donner un nouveau cycle à ces déchets.
Mais si la population à la base sait que, le déchet que j’utilisais en tant que plastique peut me permettre dans la valorisation, d’avoir un sac de riz…, est-ce que ce citoyen va jeter ce déchet plastique ? Je ne le dis pas parce que j’ai vu, j’ai testé et c’est ce que je fais.
Donc le recyclage apporte beaucoup de choses. Quand on prend les encombrants comme au carrefour de Matoto et la Tannerie, s’il y a des PME ou des entreprises, qui se positionnent dans ce domaine de recyclage, valoriser les déchets-biodégradables en engrais, en compostage et autres, vous pensez qu’on va voir ces déchets en bordure de routes ? Non ! Donc je pense que le recyclage peut-être l’une des solutions de l’insalubrité en Guinée.
Les ordures sont des trésors dit-on, qu’en dites-vous ?
Il y a un slogan qu’on répète souvent, ‘’de transformer l’ordure en or dure’’. Tout ce que j’ai dit par rapport au recyclage, il y a une histoire que j’aime bien rappeler. Bonfi port, c’est dans la commune de Matam. C’est l’un des quartiers les plus sales de Conakry.
Et ça fait bientôt quatre mois, je fais le tour, j’aide certaines familles à se débarrasser des déchets plastiques. Je leurs aide à faire l’assainissement dans leur localité, et depuis que je leur ai dit que c’est tous ensemble qu’on peut apporter un changement dans leur localité, en termes d’assainissement, ils se sont mis à la tâche.
Aujourd’hui, pour ces familles, l’ordure n’est pas comme ce que nous voyons, par le passé. Mais pour eux, c’est un trésor. Surtout les déchets plastiques. Parce qu’aujourd’hui, c’est familles, à travers des déchets plastiques, elles peuvent avoir des sacs de riz. Donc je pense que, c’est plus qu’un trésor…
Interview Réalisée par Fatoumata Sirani Diabète